LA CROISADE DE L’AFRICANISTE LUC BOUQUIAUX CONTRE L’OUVRAGE DE VICTOR BISSENGUE : CONTRIBUTION A L’HISTOIRE ANCIENNE DES PYGMEES : L’EXEMPLE DES AKA SOMMAIRE DU DOSSIER
I – PREAMBULE
II – L’OUVRAGE (Résumé, extraits, textes de présentation)
2 – Extraits
Extrait 1 : L’image des Pygmées d’après les sources historiques anciennes
Extrait 2 : La désignation « Pygmée Aka » et « Pays des esprits »
Extrait 3 : Le Pygmée ou « Négrille » : à propos des stéréotypes raciologiques
Extrait 4 : Les citoyens Aka témoignent et racontent
Cartes et légendes
3 – Textes de présentation de l’ouvrage
PREFACE par Pierre KALCK
CONSIDERATIONS ET REMARQUES PRELIMINAIRES
par Jean-Charles Coovi GOMEZ
III – LE COMPTE RENDU DE
LA RENCONTRE-DEDICACE CONSACREE A L’OUVRAGE : Contribution à l’histoire ancienne des Pygmées: l’exemple des Aka par Victor BISSENGUE
IV – LE COMPTE RENDU PAR M. LUC BOUQUIAUX DE L’OUVRAGE : CONTRIBUTION A L’HISTOIRE ANCIENNE DES PYGMEES : L’EXEMPLE DES AKA [cf . L’Homme Revue française d’anthropologie (N° 179 – juillet/septembre 2006, pp. 227-235 : « Les Pygmées, Aka victimes de l’afrocentrisme ? »]
LA CROISADE DE L’AFRICANISTE LUC BOUQUIAUX CONTRE L’OUVRAGE DE VICTOR BISSENGUE : CONTRIBUTION A L’HISTOIRE ANCIENNE DES PYGMEES : L’EXEMPLE DES AKA I – PREAMBULE Dans la dernière livraison de L’Homme, Revue française d’anthropologie (N° 179 – Juillet/Septembre 2006, pp. 227-235), l’africaniste Luc BOUQUIAUX, chercheur en « ethnolinguistique » au CNRS propose sous le titre caricatural et tendancieux « Les Pygmées Aka, victimes de l’afrocentrisme ? » un compte rendu de l’ouvrage de Victor BISSENGUE 1 intitulé « Contribution à l’histoire ancienne des Pygmées : l’exemple des Aka ». D’entrée de jeu, notre critique s’y livre à des attaques rageuses contre d’autres chercheurs africains coupables de travailler dans le sillage du Professeur Cheikh Anta DIOP. Du reste, ce dernier ainsi que son principal disciple Théophile OBENGA sont affublés du qualificatif de « pères fondateurs » d’une prétendue « idéologie afrocentriste » (p. 227). La suite du texte sur près de cinq pages (pp. 227-231) s’écarte délibérément des idées exposées dans l’ouvrage incriminé de Victor BISSENGUE pour s’adonner à un véritable règlement de comptes dont la cible privilégiée n’est autre que le « présentateur » supposé de l’auteur, l’égyptologue Jean-Charles Coovi GOMEZ (cf. « Considérations et remarques préliminaires »). Soulignons au passage que la préface extrêmement encourageante et constructive de feu Pierre KALCK, juriste, historien, ancien administrateur civil en Oubangui Chari (République Centrafricaine), membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, est purement et simplement passée sous silence par Luc BOUQUIAUX dont l’intention à peine voilée est d’opposer les chercheurs africains indépendants comme Victor BISSENGUE qu’il qualifie indistinctement d’« afrocentristes » à tous les spécialistes européens, accréditant ainsi le soupçon d’un soi-disant antagonisme racial. Il oublie ce faisant que des chercheurs aussi éminents que Jean LECLANT, Hartwig ALTENMULLER, Gunther BRAUER, pour ne citer que ceux-là, considèrent de nos jours comme largement fondée la thèse de l’origine africaine de l’humanité et de la civilisation défendue, arguments scientifiques à l’appui, par les Professeurs Cheikh Anta DIOP et OBENGA au cours du célèbre et désormais inoubliable Colloque international d’Egyptologie du Caire (1974).Victor BISSENGUE a voulu pour sa part insister sur l’extraordinaire vitalité de la culture des Pygmées en général et des Aka en particulier. Sa contribution à la reconstitution de pans entiers de l’histoire immémoriale des Pygmées Aka déjà connus des Pharaons d’Egypte depuis la plus haute Antiquité demeure irremplaçable. Cette entreprise fort louable mais néanmoins vilipendée par Luc BOUQUIAUX a été encouragée en ces termes par Pierre KALCK : « Il faut se réjouir qu’en cette fin du vingtième siècle, l’identité et l’étrange force culturelle de la population pygmée se trouvent, enfin, révélées, étudiées, présentées » (p. 16). En soutenant non sans une certaine légèreté que l’étude de lexicologie comparée de Victor BISSENGUE « ne sert strictement à rien, sinon à enfoncer à grand fracas une porte ouverte » (p. 234), Luc BOUQUIAUX se méprend d’une part sur le caractère fécond des comparaisons lexicologiques (cf. les travaux d’Emile BENVENISTE), et d’autre part sur la validité et la solidité d’une investigation directement puisée à la source. Il est patent que contrairement à son critique, Victor BISSENGUE est lui-même locuteur des langues dont il procède à l’analyse lexicale. Le problème soulevé par cette controverse purement tendancieuse est celui de l’incompétence notoire de certains chercheurs africanistes qui ignorent tout des langues dont ils se disent « spécialistes », tout en donnant des leçons de transcription, de traduction et même d’interprétation aux Africains.On s’étonne dans ces conditions que Luc BOUQUIAUX s’évertue de façon autoritaire et quelque peu paternaliste à fournir les « conseils » suivants aux chercheurs africains : « On ne s’improvise pas linguistes et si on veut utiliser des arguments linguistiques, on s’adresse à des spécialistes (sic). Quand « on consacre une partie de son activité à la défense des cultures africaines » (p. 13), on se soucie d’abord de noter leurs langues avec respect en rendant compte correctement de leurs particularités. Enfin on ne fait pas appel à de prétendus garants qui auraient « pris la peine de lire le manuscrit et apporté les critiques nécessaires » (p. 9) alors qu’ils n’ont aucunement lu et encore moins approuvé le contenu, mais seulement donné leur caution pour la transcription du sango (communication personnelle de Marcel Diki-Kidiri). » (p. 234)Ces allégations appellent de notre part trois principales remarques :1 – Les spécialistes de la linguistique historique comparative (Meillet, Benveniste, etc.) soulignent avec force que cette méthode largement éprouvée dans le domaine des langues indo-européennes requiert une compétence spécifique qui échappe à bien des experts en linguistique générale. M. BOUQUIAUX qui ne maîtrise apparemment aucune des disciplines considérées se permet lui-même de se ranger au nombre des « spécialistes » que tout africain qui désire comparer les langues du continent noir devrait nécessairement solliciter. Il ignore ce faisant que le recours à des preuves d’ordre linguistique dès lors qu’elles sont solidement étayées est légitime dans un travail de reconstruction historique. C’est ainsi que s’impose pour la validation du travail entrepris par Victor BISSENGUE l’utilisation de données lexicologiques dûment établies.2 – En revanche, l’« ethnolinguistique » dont se réclame M. BOUQUIAUX demeure une discipline au statut épistémologique incertain pour ne pas dire douteux. Rappelons à la suite de Ferdinand DE SAUSSURE et de ses continuateurs sérieux que toutes les langues du monde sans aucune exception appartiennent à une tradition donnée, et peuvent à ce titre faire l’objet d’une étude scientifique rigoureuse. Point n’est besoin de passer un demi-siècle à décrire des langues réputées exotiques, pauvres et relevant exclusivement du registre de l’oralité.3 – C’est le lieu de rappeler que M. BISSENGUE ne s’est jamais abrité derrière une « caution scientifique » quelle qu’elle soit puisqu’aussi bien son travail de comparaison lexicale ne porte pas exclusivement sur la langue Sango dont M. Marcel DIKI-KIDIRI est un spécialiste incontesté et incontestable. Pour son propos, et pour le but visé par son travail, M. BISSENGUE n’avait nullement besoin de faire appel à de « prétendus garants ». Le recours à une mystérieuse communication ou correspondance personnelle entre Luc BOUQUIAUX et Marcel DIKI-KIDIRI est donc sur ce point précis qui nous préoccupe sans objet et de nul effet. Du reste, le procédé qui consiste à opposer les chercheurs africains les uns aux autres pour ensuite les discréditer comme semble le faire Luc BOUQUIAUX est désormais connu. Il est évident que loin de faire preuve d’un unanimisme de tous les instants les Africains ont parfois des points de vue divergents, ce qui est tout de même normal dans le cadre d’un débat intellectuel ouvert. Ceci n’empêche en rien le respect mutuel et la courtoisie, autant de vertus cardinales que semble ignorer Luc BOUQUIAUX. Se pose ici la question de la phénoménologie de l’inauguralité dont il convient de citer quelques traits significatifs : « [...] L’impossibilité d’inaugurer dans la recherche sans une rupture épistémologique par rapport aux paradigmes existants. Or cette rupture n’est pas possible avec la seule connaissance enseignée par l’Establishment qui défend les paradigmes institués. Il s’agit d’une connaissance travaillant à la reproduction des valeurs établies. [Nominalisme scientifique]. […] L’inauguralité s’ouvre alors comme la seule réponse au péril de l’exclusion. Inaugurer est alors d’autant plus nécessaire pour la science qu’elle crée des théories capables de se concurrencer et d’assurer son incessant procès. Ainsi la question de l’inauguralité convoque d’abord le retour constant de la science sur elle-même, condition de sa survie. 2. »
Dans un souci d’objectivité, de transparence et d’équité, nous mettons ici à la disposition des internautes intéressés par le devenir des « Etudes africaines » les principales pièces du dossier tout en précisant que conformément aux règles déontologiques consacrées par l’usage, les chercheurs africains mis en cause par les écrits hargneux mais dépourvus de toute pertinence scientifique de Luc BOUQUIAUX se réservent naturellement le droit de fournir les réponses qui s’imposent. On doit signaler enfin qu’une « critique » similaire formulée sans preuves ni retenue par Luc BOUQUIAUX contre les travaux linguistiques du Professeur Théophile OBENGA avait fait l’objet d’une réplique foudroyante et argumentée qui est restée curieusement sans suite (cf. ANKH N° 4/5, 1995-1996 « Réponse aux réflexions de M. Luc BOUQUIAUX »).
1. Contribution à l’histoire ancienne des Pygmées : l’exemple des Aka par Victor BISSENGUE (Paris, Editions L’Harmattan, Collections Etudes africaines, 2004, illustrations, 205 pages).
L’auteur Victor BISSENGUE est diplômé d’Etudes Approfondies en science de l’éducation et de la communication. Il possède un Doctorat de 3e cycle d’études de Cinéma, Télévision, Audiovisuel. Auteur de quelques articles de presse et autres publications, il est témoin et observateur du « phénomène Beaubourg » au Centre National d’Art et de Culture Georges Pompidou (CNAC GP) à Paris depuis 1975.
2. M’BOKA Kiese, « Phénoménologie de l’inauguralité » in Hommage à Cheikh Anta Diop, Paris, Editions Paari, 2004, p. 141
II – L’OUVRAGE (Résumé, extraits, textes de présentation) Contribution à l’histoire ancienne des Pygmées : l’exemple des Aka
Victor BISSENGUE (Paris, Editions L’Harmattan, Collections Etudes africaines, 2004, illustrations, 205 pages)
1 – Résumé
Les Pygmées sont considérés comme des descendants de très anciennes populations localisées au paléolithique dans les régions des Grands Lacs : le Rwanda, le Burundi, le Kenya,
la Tanzanie, l’Ouganda. Ils descendent tous d’un même ancêtre dont le prototype serait représenté par le spécimen homo sapiens sapiens dit d’OMO I qui lui-même remonte d’après les datations absolues à plus de 130 000 ans. Leur existence est attestée dès la plus haute Antiquité. Pour les Egyptiens de l’époque pharaonique, il ne s’agissait pas de créatures légendaires, mais bien d’hommes à part entière qu’ils prenaient soin de représenter avec toutes leurs caractéristiques ethniques. C’est dire qu’ils savaient faire la différence entre les nains pathologiques et brachymorphes (NEMOU) et les Pygmées (DENEG). En effet, Mérenré 1er, l’un des Pharaons de
la VIe dynastie lança quatre expéditions en direction des sources du Nil, plus précisément au-delà de
la Nubie, vers le pays de Yam ; il dut disparaître avant la fin de la dernière expédition, et c’est ensuite Neferkaré Pépi II qui accueillit le Pygmée Aka ramené par Herkhouf.
L’histoire des Pygmées fascine et trouble aussi bien les spécialistes que les populations qui se différencient d’eux ou qui s’en approchent par curiosité, afin de vérifier le bien fondé des nombreux clichés accumulés depuis la nuit des temps. Cependant pour certains esprits attardés, il s’agirait toujours d’êtres imaginaires ou surnaturels, d’animaux, de nains, etc. et d’autres s’ingénient encore à nier purement et simplement leur existence. Ils apparaîtront enfin comme le possible révélateur de l’état du primitif paléolithique ou « le chaînon manquant ». Pourtant, on a bel et bien à faire à des hommes dotés de toutes les capacités qui les élèvent au-dessus de l’animal. Au demeurant, les connaissances dont ils font preuve notamment dans les domaines de la biomédecine, de la zoologie, de la cosmogonie, les placent parmi les meilleurs experts. Les Aka furent également des acteurs économiques de premier plan qui prirent largement part aux échanges commerciaux trans-nilotiques avec les populations voisines.
Dans l’état actuel de nos connaissances, toute l’historiographie, toute la science, replacent les Pygmées dans le foyer de départ, c’est-à-dire parmi l’homo sapiens sapiens. Linguistiquement et culturellement, ils ne peuvent pas être distincts des autres habitants de l’Afrique. Ils ont toujours développé des relations étroites, surtout économiques, partagé leurs connaissances médicales (pharmacopée, soins, guérison), avec leurs voisins. C’est auprès d’eux, et depuis plus de trois mille ans, que les botanistes, les écologistes, les sociétés forestières, les musiciens, les missions scientifiques, les chasseurs et bien d’autres voyageurs ainsi que des chercheurs de « denrées rares » (animaux et peaux d’animaux, ivoire, or, bois, etc.), se tournent pour recueillir de précieuses informations.
Les Pygmées sont les dépositaires d’un grand nombre de connaissances qui témoignent d’une rare maîtrise des éléments constitutifs aussi bien de la nature que de l’univers. Ils sont cependant considérés comme des reliques de populations primitives qu’il s’agirait d’étudier, de sauver, de préserver, d’assimiler, de visiter.
Ils rencontrent ainsi des modes de vie nouveaux qui se traduisent par des problèmes d’éducation, de formation, de travail, de santé, d’urbanisation, d’évangélisation, mettant en péril leur identité et leur survie. Les Pygmées ont pris conscience de leur situation actuelle; en effet, ils redoutent plus que tout la négation de leur citoyenneté et la tendance à vouloir les infantiliser et les diriger. Ils ont leur mot à dire et le clament tout haut.
2 – Extraits
Extrait 1 : L’image des Pygmées d’après les sources historiques anciennes
Le Pygmée n’est pas dévalorisé dans la tradition. Considéré comme surnaturel et mystique, tout souverain des temps anciens veut l’avoir près de lui. Il accède aux objets sacrés pour les temples et les trônes. La simple présence permet de concilier la grâce du Très Haut. Cette présence préserve le roi des esprits maléfiques. C’est aussi pour contenir les forces maléfiques, par conséquent, dangereuses.
La vertu et le bonheur d’accueillir le Pygmée Aka ne sont pas perçus par tout le monde, y compris Herkhouf qui attend du Pharaon des récompenses bien plus importantes que celles obtenues par l’envoyé du Pharaon Isesi Djedkarê vers la fin de
la VIe Dynastie. Le problème de degré de connaissance se pose. La réaction du jeune Pharaon qui est un initié représentant à la fois le pouvoir temporel et intemporel, illustre son esprit curieux et son avidité du savoir. Le Pygmée offre l’occasion exceptionnelle qui permet de restituer la dimension absente de la cour royale. Le message du souverain ordonne dans les détails les conditions du transport du Pygmée Aka et conclut : « Sa Majesté te pourvoira plus richement que ne fut pourvu jadis le Conservateur des Sceaux Divins Bar-Wer-Djed au temps du roi Isesi; car il importe grandement à Sa Majesté de voir ce nain ».
De tout temps, les Pygmées ont occupé une fonction particulière auprès des souverains. Ils représentent pour le Pharaon, des intercesseurs auprès de la puissance divine et la force cosmique. On les retrouve donc à la cour comme « danseurs de Dieu », musiciens, chanteurs, imitateurs, comme ceux qui éloignent les génies maléfiques qui affaiblissent le roi. Leur musique réjouit le cœur du pharaon, tout comme l’on dit « la musique adoucit les mœurs ». Ils sont par ailleurs employés dans des ateliers d’orfèvrerie. Des auteurs comme Leca et Montet rapportent que les premières opérations étaient accomplies par les hommes de taille normale alors que les travaux de finition, le polissage, le montage, étaient réservés aux nains. Ces orfèvres venaient de
la Nubie comme l’or lui-même et qu’ils étaient par conséquent des Pygmées. Ils figuraient déjà sous le nom de « Aka », sur les bas-reliefs de
la VIe dynastie de l’Ancien Empire égyptien. Des documents datant surtout des 11e et 12e dynasties soulignent le rôle et la place de la divinité Bès représentée sous les traits du « Pygmée Aka » déjà bien connu sous la sixième dynastie avec notamment Mérenrê I et Néferkarê Pépi II. Bès est cette divinité en Egypte qui a fait l’objet du culte de fécondité, de l’amour; c’est le protecteur contre le mal et celui qui veille sur les femmes en couches.
Lalouette note dans ses Textes sacrés et textes profanes de l’ancienne Egypte, les « Egyptiens avaient remarqué que les Pygmées qu’ils connaissaient (et qui étaient très recherchés par la cour d’Egypte, pourvus d’honneur: l’un d’eux fut maître de la garde-robe de Pépi II) pratiquaient des danses rituelles au lever du soleil; pour cette raison ils furent associés au culte solaire.»
Serge Bahuchet fait observer par « L’invention des Pygmées« : «Pas plus que Schiaparelli, Maspéro ne traduit « danga » par »Pygmées », mais il apporte la présence du Danga dans une formule funèbre des Pyramides, où celui-ci représente l’âme du défunt Pharaon qui va danser devant Osiris ».
Il importe de noter que le terme égyptien »DNG » (deneg) traduit par »nain » et rapporté pour »Pygmées » (mot grec signifiant haut d’une coudée), ne rend pas la réalité de l’existence de cette population reconnue et révélée par les textes anciens et actuels. Le mot nain se dit « NMW » (nemou). Il n’y a pas de confusion possible.
Extrait 2 : La désignation « Pygmée Aka » et « Pays des esprits ».
La lettre du Pharaon Neferkarê Pépi II envoyée à Herkhouf fait apparaître, au sujet des Pygmées, une expression égyptienne sur laquelle nous nous interrogeons : « Pays des Esprits ».
L’étymologie et l’approche de la conception cosmogénétique de l’homme chez les Egyptiens permettent de suggérer une explication religieuse.
Le composé humain est constitué de neuf entités ontologiques (1). Considérons toutefois les quatre éléments suivants qui nous semblent les plus essentiels :
le Khat h3t ou corps corruptible
le Akh 3h qui est l’esprit immortel et lumineux du Défunt;
le Ba b3 l’âme volatile protectrice du Défunt;
le Ka k3 la force vitale, le réservoir des énergies inépuisables.
L’ibis à crête représente, on l’a vu, « la puissance spirituelle lumineuse et inépuisable, l’esprit des défunts ».
La transcription du signe hiéroglyphique étant :
il rend le son akh; le signe censé représenter le « placenta » serait en fait le tamis (o) qui fait fonction de complément phonétique.
Nous avons par ailleurs l’expression :
T3 3hw « le pays des esprits », l’Afrique profonde, qui coïncide avec T3 Ntrw « le pays des dieux ».
Le nom Aka, qui s’applique aux Pygmées, se rapporte à l’idée que les Egyptiens de l’époque pharaonique se faisaient d’eux. Neferkarê Pépi II désigne le Pygmée et le situe dans un espace géographique en ces termes : « danseur des dieux qui réjouit le cœur », « Pays des Arbres », «Pays des Esprits» (T3 3hw).
La divinité apparentée aux Pygmées appelée Bès fut attestée dans les textes égyptiens dès l’Ancien Empire.
Le terme Aka provient vraissemblablement de la racine 3h qui est le radical insécable en Egyptien ancien et dans de nombreux idiomes négro-africains (2). On aurait donc le schéma suivant: 3h (AKH) qui donne « AKA », et implique « BA(Y)AKA » c’est-à-dire « Les AKA ». La particule préfixale BA exprime le pluriel en BANTU, comme d’ailleurs dans ce même terme : NTU = homme / BA-NTU = les hommes. Bayaka étymologiquement signifierait « les esprits ». Ce qui revient à écrire :
3h (AKH) -> AKA => BA (Y)AKA => Les AKA.
« Les Egyptiens connaissaient les Akka sous le nom qu’ils portent encore, car Mariette-Pacha l’a lu à côté du portrait d’un nain sculpté sur un monument de l’ancien empire ». [Quatrefages, Les Pygmées, 1887, p. 25] Ce passage cité par Quatrefages de Bréau renvoie à l’anthropologue (et docteur en médecine) Hamy Ernest-Théodore dans son – « Essai de coordination des matériaux récemment recueillis sur l’ethnologie des Négrilles ou Pygmées de l’Afrique équatoriale » (3).
Quatrefages souligne l’importance de la première rencontre d’un explorateur européen avec le Pygmée connu sous le nom « Akka », tant décrit ou dépeint à travers le temps : « C’est Schweinfurth qui a eu l’honneur de démontrer ce que le mythe d’Homère cachait de réalité, et de justifier les paroles d’Aristote… C’est à la cour de Mounza qu’il découvrit cette race naine, encore appelée dans le pays du nom d’Akka que Mariette avait lu à côté du portrait d’un nain, sur un monument de l’Ancien Empire » (1887 : 253).
Le voyageur venu d’Europe qui s’est approché le plus près des Pygmées fut en effet Schweinfurth. Il s’est rendu à la cour de Mounza et a rencontré le Pygmée Aka dont il parle dans son ouvrage. (Au cœur de l’Afrique: 1868-1871. Voyages et découvertes dans les régions inexplorées de l’Afrique centrale) :
« J’ai enfin sous les yeux une incarnation vivante de ce mythe qui date de milliers d’années. Sans perdre de temps, je commence son portait… Nous y arrivons si bien qu’au bout de deux heures le Pygmée est esquissé, mesuré, festoyé, comblé de cadeaux et soumis à un minutieux interrogatoire. « Son nom est Andimokoû; il est chef d’une petite colonie établie à une demi-lieue de la résidence royale. J’apprends de lui-même que le peuple auquel il appartient s’appelle Akka.
«J’ai su plus tard que ce peuple habite, au sud des Mombouttou (Mangbettou), une grande province située à peu près entre le premier et le deuxième degré de latitude nord. Une partie de la nation reconnaît l’autorité de Mounza qui, jalouse, d’accroître la splendeur de sa cour par tous les moyens possibles, a contraint plusieurs familles d’Akka à venir demeurer auprès de lui. » [1875, Tome 2 : pp. 110, 113]
Une approche de l’étymologie du nom Akka est donnée par Simha Arom et Jacqueline M.C. Thomas:
« Le terme semble être, sinon le nom propre des Pygmées, du moins un qu’eux-mêmes s’attribuent volontiers et qui fut repris souvent par les voisins pour les désigner; il remonte à l’antiquité égyptienne et se retrouve aujourd’hui en usage depuis le nord-est du Zaïre jusqu’au sud du Cameroun. Le vrai nom des Pygmées de
la Lobaye, qu’ils soient nommés ‘Bàmbèngà par les Ngbaka, Yàndèngà par les Monzombo, ‘Bàkòlà par les Isongo, le nom qu’eux-mêmes s’attribuent est Aka (mòáká / bàáká ~ bìáká) ». [Les mimbo, génies du piégeage, et le monde surnaturel des Ngbaka-mabo, 1974, p. 96]
Paul Monceaux rapporte un témoignage encore plus ancien :
« A Beni-Hassan en Egypte, sur une tombe de
la VIe dynastie, on peut voir, figurant dans une peinture relative aux notions acquises, un nain négroïde. Tout à côté de lui, on lit le mot « Akka », nom qui désigne aujourd’hui encore l’un des plus importants groupes pygmées d’Afrique équatoriale ». [« La légende des Pygmées et les nains de l’Afrique équatoriale » in Revue Historique, Paris, Tome XLVII, septembre-décembre 1891, p. 64]
Des voyageurs, des explorateurs, des scientifiques, ont rencontré les « hommes à petite taille ». Qu’ils se dénomment Aka, Babenzélé, Bayaka, Bambuti, ou qu’ils portent des noms attribués par d’autres peuples, ou encore des sobriquets, les Pygmées existent. Ce sont des hommes et des femmes dont les descendants sont venus, à Paris à
la Grande Halle de
La Villette en France, le jeudi 5 juin 1991 pour repartir en Centrafrique, dimanche 16 juin 1991 (4).
___________________________________
1 – Les entités ontologiques sont au nombre de neuf : Khat, Akh, Ba, Ka, Khaibit, Sekhem, Ren, Ib, Sahou.
2 – La contribution de Jean-charles C. Gomez (philosophe, historien) nous a été précieuse pour l’hypothèse sur l’étymologie de AKA et la démonstration linguistique. [cf. « La signification du vocable AKHU en Egypte ancienne et en Afrique noire contemporaine » in Ankh N°3, juin 1994, pp. 83-113, note infrapaginale – et plus explicitement la note infrapaginale, p. 94]
3 – Document rare mais disponible à
la Bibliothèque Nationale de France sous la référence : Paris, impr. de A. Hennuyer, 1879. In-12, 24 p [8°03.462. (Extrait des Bulletins de
la Société d’Anthropologie de Paris, séance du 5 février, 1879). Cet « .Essai de coordination des matériaux récemment recueillis sur l’ethnologie des Négrilles ou Pygmées de l’Afrique équatoriale » existe sous sa forme originale : Bulletin de
la Société d’Anthropologie de Paris, 1879, II: 79-101.
4 – La venue des Pygmées Aka à Paris (Grande Halle de
la Villette) en juin 1991 a donné lieu à un film : Pygmées à Paris, Film de Mark Kidel, 16 mm, 45 mn, 1992. Coproduction: Les Films d’Ici,
La Grande Halle de
la Villette,
La Sept,
la BBC. (Nous avons participé ici pour la traduction en français d’une séquence filmée où les Pygmées s’expriment dans la langue sango).
Les premiers vestiges archéologiques retrouvés dans le sol congolais remonteraient au 7ème millénaire avant notre ère. Les pygmées seraient les premiers occupants. Apparaissent ensuite les peuples qui vont se regrouper et s’organiser en puissants royaumes.
Problème sanitaire endémique chez les Baka
projet Dzanga Sanga par Paul Mboko
http://video.google.com/videoplay?docid=-447696054774524506
Parmi les M’Benga (ou Baka ou Aka ou Mbuti) qui ont exercé des hautes fonctions politiques au Congo on cite souvent Marien Ngouabi (Homme d’Etat) et Assemekang (magistrat et président du Sénat)
Extrait 3 : Le Pygmée ou « Négrille » : à propos des stéréotypes raciologiques
suite cliquer ici: http://www.sangonet.com/
Discrimination contre les pygmées en plein 21 ème siècle. Le gouvernement du DICTATEUR SASSOU NGUESSO ne se gène pas (CONGO-BRAZZAVILLE
On ne gagne pas un titre NBA sans une bonne défense.
Souvent décisif par le passé pour le Heat, le meneur floridien a du mal ces dernières semaines, comm.
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